EN DIRECT - Liban : Israël fait état de «violents combats» dans le sud du pays et met en garde la population
Les Etats-Unis ont annoncé lundi des opérations terrestres "limitées" d'Israël contre le Hezbollah au Liban voisin, où le gouvernement a dénoncé en soirée plusieurs frappes sur la banlieue sud de Beyrouth, fief du mouvement islamiste armé Hezbollah, sur fond d'appels internationaux à la désescalade. Le bilan des frappes israéliennes de lundi au Liban est de 95 morts à travers le pays, selon le ministère libanais de la Santé.
Israël fait état de "violents combats" dans le sud du Liban
L'armée israélienne a fait état mardi de "violents combats" dans le sud du Liban après le lancement d'une offensive militaire au sol contre le Hezbollah, et enjoint les Libanais à ne pas se rendre dans le sud de leur pays "à bord de véhicules" pour leur "propre sécurité".
"De violents combats ont lieu dans le sud du Liban", écrit Avichai Adraee, porte-parole de l'armée israélienne, dans un message publié en arabe sur Telegram. "Pour votre sécurité personnelle, nous vous demandons de ne pas vous déplacer à bord de véhicules du nord vers le sud du Litani", ajoute-t-il en référence à un fleuve libanais, en accusant le Hezbollah de se servir des civils comme de "boucliers humains".
Des soldats israéliens "pris pour cible", annonce le Hezbollah
Le Hezbollah libanais a de son côté déclaré avoir "pris pour cible" des soldats israéliens "en mouvement" près de la frontière libanaise dans la nuit de lundi à mardi, une source proche du mouvement chiite précisant que les militaires se trouvaient "sur la frontière". Selon le Hezbollah, les "soldats ennemis" se trouvaient "dans des vergers en face d'Adaisseh et Kfar Kila".
L'armée libanaise a repositionné ses troupes dans le sud du pays frontalier du nord d'Israël, selon un responsable militaire. L'armée israélienne a déclaré trois localités frontalières "zones militaires fermées". Par ailleurs, la banlieue sud de Beyrouth a été la cible lundi soir d'au moins six frappes israéliennes, selon des sources sécuritaires libanaises. Des journalistes de l'AFP y ont entendu des explosions. Plus tôt l'armée israélienne y avait appelé les habitants à évacuer leurs immeubles pour leur sécurité.
"Nous sommes prêts"
Plus tôt, le ministre israélien de la Défense Yoav Gallant a averti, devant des soldats positionnés dans le nord du pays, que "l'élimination de Nasrallah est une étape importante, mais ce n'est pas la dernière" contre le Hezbollah.
"Nous emploierons toutes les capacités dont nous disposons (...) Nous utiliserons tous les moyens nécessaires, vos forces, d'autres forces depuis les airs, depuis la mer et sur terre", a-t-il prévenu. Malgré les coups infligés par Israël qui a tué de nombreux dirigeants du Hezbollah, le numéro deux du mouvement, Naïm Qassem, a affirmé: "Israël n'a pas été en mesure d'entamer nos capacités militaires".
"Nous sommes prêts si les Israéliens décident d'entrer au sol. Nos forces de résistance sont prêtes pour une confrontation terrestre", a-t-il lancé, en affirmant que son parti poursuivrait sa lutte contre Israël "en soutien à Gaza", en proie à une guerre déclenchée par une attaque sans précédent du Hamas palestinien le 7 octobre 2023 contre Israël.
Le décès de Hassan Nasrallah, qui était considéré comme l'homme le plus puissant du Liban, constitue une victoire majeure d'Israël face à l'Iran, ennemi d'Israël, et ses alliés dont le Hamas. Israël a promis de combattre ses "ennemis" et de les "éliminer" partout où ils se trouvent.
Il n'y a "pas d'endroit au Moyen-Orient que Israël ne puisse atteindre", a averti le Premier ministre Benjamin Netanyahu. L'Iran a affirmé qu'il ne "déploierait" pas de combattants au Liban et à Gaza pour affronter Israël, estimant que "les gouvernements du Liban et de Palestine ont la capacité et la puissance nécessaires pour faire face à l'agression du régime sioniste".
Appels à la désescalade
En raison de "l'intensité des combats", l'ONU a annoncé que les Casques bleus déployés dans le sud du Liban ne pouvaient plus patrouiller. Et face aux craintes d'un embrasement, le patron de l'ONU Antonio Guterres a dit son opposition à toute "invasion terrestre" israélienne du Liban.
A Washington, le président Joe Biden a laissé entendre qu'il était opposé à des opérations terrestres israéliennes, appelant à un cessez-le-feu. Présent à Beyrouth, le chef de la diplomatie française, Jean-Noël Barrot, a appelé Israël à "s'abstenir de toute incursion terrestre" ainsi qu'à un cessez-le-feu.
Toute nouvelle intervention militaire israélienne au Liban "doit être évitée", a dit le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell. Au lendemain du début de la guerre à Gaza, le Hezbollah a ouvert un front contre Israël en soutien au Hamas, son allié, et des tirs quotidiens étaient échangés entre les deux camps.
Depuis la mi-septembre, Israël concentre ses opérations militaires sur le front nord, avec l'objectif de mettre un terme aux tirs de roquettes du Hezbollah et de permettre le retour de dizaines de milliers d'habitants déplacés par ces tirs.
Première frappe à Beyrouth
Lundi, les frappes israéliennes au Liban ont fait au moins 95 morts, dont trois membres d'un groupe palestinien, le chef du Hamas au Liban et un soldat libanais, selon le bilan quotidien publié lundi soir par le ministère libanais de la Santé. Le Hezbollah pour sa part a tiré des roquettes vers le nord d'Israël.
Pour la première fois depuis le 8 octobre, une frappe a visé le centre de Beyrouth, détruisant un étage d'un immeuble. Selon le Front populaire pour la libération de la Palestine (FPLP), trois de ses membres y ont été tués. L'armée israélienne a dit avoir tué deux commandants de cette organisation qualifiée de terroriste par Israël et l'Union européenne.
Depuis les explosions des systèmes de transmission du Hezbollah au Liban le 17 septembre, imputées à Israël, et l’intensification des frappes israéliennes qui ont suivi, le bilan s’élève à plus de 1.000 morts au Liban, selon le ministère de la Santé. Sur le front de Gaza, l'armée israélienne continue son offensive dans le territoire palestinien dévasté et assiégé depuis près d'un an. Néanmoins les frappes ont baissé d'intensité ces derniers jours.